Retard énorme dans l'éolien en mer posé, attentisme dans l'éolien flottant et reculade dans l'hydrolien: la France peine à rattraper son retard dans les énergies marines renouvelables. 

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La décision, annoncée jeudi, de Naval Energies de mettre fin à ses activités dans l'hydrolien est le dernier contretemps d'une filière des énergies marines qui a multiplié les péripéties ces dernières années. La filiale de Naval Group (ex-DCNS) a estimé que le marché offrait finalement des perspectives insuffisantes, en particulier en France, pour maintenir cette activité et son usine de Cherbourg, inaugurée il y a seulement quelques semaines.

"Les contacts que nous avons eu avec les autorités montraient qu'il n'y avait rien à attendre de significatif" dans la future feuille de route énergétique que le gouvernement doit finaliser d'ici la fin de l'année, a expliqué  un porte-parole de Naval Energies. C'est dans ce document que le gouvernement doit fixer les objectifs de déploiement des différentes énergies d'ici 2023 et 2028.
 

Une filière non rentable?


Au ministère de la Transition écologique, on confirme: "les études montrent que la filière hydrolienne n'est pas encore au stade de développement industriel, que la technologie ne fonctionne pas assez bien pour un développement à grande échelle". La question se pose désormais de l'avenir du parc pilote que Naval Energies devait
lancer avec EDF au raz Blanchard, une des zones au potentiel le plus important dans le monde.


En 2017, Engie et General Electric, partenaires pour un autre parc dans la même zone, avaient déjà jeté l'éponge.  


Le Breton Sabella reste engagé


Mais d'autres acteurs plus spécialisés restent engagés, à l'image du breton Sabella, dont l'hydrolienne, de nouveau testée dans quelques semaines près de l'île d'Ouessant (Finistère), est la seule à ce jour à avoir injecté du courant sur le réseau.  Le gouvernement préfère concentrer ses efforts, notamment financier, sur l'éolien en mer posé, déjà largement développé en Europe du nord, et flottant, dont les acteurs rongent également leur frein.


Les premiers parcs éoliens en mer posé, lauréats d'appels d'offres en 2012 et 2014, n'ont toujours pas vu le jour, en raison de procédures administratives très longues, et restent suspendus à des recours. Ces derniers mois, le gouvernement a aussi renégocié à la baisse les contrats conclus, avec 15 milliards d'euros d'économies sur 20 ans. 


En quelques années, le discours politique vantant la création d'une filière industrielle française a pris l'eau


Areva et Alstom, qui ont développé des turbines éoliennes, ont vu leur technologie rachetée, respectivement par l'allemand Siemens et l'américain General Electric. Seule une partie des sites industriels promis à l'époque, à Saint-Nazaire, Cherbourg ou encore au Havre, sont sortis de terre du fait des retards des projets. La filière attend la conclusion d'un troisième appel d'offres pour un parc au large de Dunkerque.

 
Malgré un potentiel "extraordinaire"


Dans l'éolien flottant (les éoliennes sont installées sur des flotteurs), les acteurs attendent encore un premier appel d'offres commercial, promis sous la présidence de François Hollande, mais jamais lancé. "Pour l'instant on est assez inquiet. Ce qu'on comprend, c'est que les énergies les moins matures sont remises en question mais (...) ce serait dommage qu'on perde l'avance qu'on a", déclare Marion Lettry, du Syndicat des énergies renouvelables (SER). 

La France fait en effet bonne figure jusqu'ici dans l'éolien flottant. Quatre parcs pilotes sont en développement, dont un impliquant Naval Energies (aux côtés de la société spécialisée Eolfi), ce qui place le pays "au centre du monde" de cette énergie, note Antoine Rabain, expert des énergies marines. Il est d'ailleurs plutôt confiant, malgré les lenteurs, du fait d'un potentiel "extraordinaire" dans le monde, qu'il estime à 3.500 gigawatts, "soit trois fois plus que l'éolien en mer posé".

"Nous avons voulu solder les problèmes du passé (...) tout remettre à plat et c'est peut-être pour cela que les acteurs ont le sentiment qu'on traîne un peu", reconnaît-on au ministère. 
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